Des militants de Greenpeace ont réussi à entrer, hier, dans deux centrales nucléaires pour démontrer les failles de telles installations en matière de sécurité. L'Intérieur reconnaît qu'il faut «durcir le dispositif (de sécurité)».
Des militants de Greenpeace décidés à illustrer des failles dans la sécurité des installations nucléaires ont réussi, hier matin, à s'introduire dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (ils comparaîtront devant un tribunal en avril 2012) et dans celle de Cruas où deux activistes ont été découverts en soirée. À Nogent-sur-Seine, il n'aurait fallu aux militants qu'une quinzaine de minutes afin de pénétrer les lieux et atteindre «le coeur de la centrale» pour y déployer une banderole portant le slogan «le nucléaire sûr n'existe pas», selon Sophia Majnoni, chargée de la campagne nucléaire à Greenpeace. Le directeur du site a affirmé qu'il n'y avait eu «aucun dysfonctionnement» dans la réaction, «proportionnée au degré de danger», de la centrale nucléaire à l'intrusion des militants de Greenpeace. «Ils ont été repérés par les alarmes dès qu'ils ont cisaillé le premier grillage... Tout s'est passé conformément aux procédures, tel que cela devait se passer», a assuré Hervé Maillart. «On a vu tout de suite qu'ils n'avaient pas d'armes. (...) Une fois que les personnes se sont introduites, elles ont été détectées et suivies, et dès lors qu'il s'agit de personnes aux intentions pacifiques, il faut intervenir dans le calme», a déclaré Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF. Info ou intox: les militants «sont toujours restés en dehors de la partie industrielle de l'installation. Ils sont restés à l'extérieur des bâtiments. En aucun cas, ils ne sont rentrés à l'intérieur», a insisté Hervé Maillart.
Une action «irresponsable»
Il n'empêche. Ces spectaculaires opérations dans des centrales nucléaires ont provoqué plusieurs réactions. Jusqu'au sommet de l'État. Le président de la République a jugé «assez irresponsable» l'action de Greenpeace et a assuré que «la totalité des audits» sur la sûreté nucléaire serait publiée. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a reconnu des «défaillances dans notre dispositif de sécurité (...).Il n'est pas normal que des personnes puissent entrer sur un site hautement sécurisé comme l'est une centrale nucléaire, même si les experts font remarquer (...) que ce n'est pas pareil qu'un cas réel où les réactions des forces de l'ordre ne seraient pas de la même nature (...)». Un «débriefing précis» devra être effectué «pour que le dispositif soit durci». Le ministre de l'Énergie, Éric Besson, a, de son côté, réclamé une «enquête approfondie» sur cet incident.
«Pas la préoccupation des Français»
Le Premier ministre, François Fillon, a élargi le débat fustigeant ceux «qui préfèrent le retrait à l'écart de la modernité et la peur, parce que des catastrophes qui peuvent être évitées surviennent malheureusement parfois, comme celle que nous avons connue au Japon» en mars. Selon lui, «l'idée de progrès, qui a porté l'élan de générations successives vers un monde meilleur, qui a élevé notre humanité, semble contestée aujourd'hui». Si l'atome est un sujet actuellement largement abordé par les politiques, il reste périphérique pour l'opinion comme le relèvent les enquêtes d'opinion. Cette question «n'est pas du tout, pour le moment, dans les préoccupations des Français», confirme Jérôme Sainte Marie, directeur du département Opinion au CSA. Selon un sondage de son institut publié le 17novembre, le nucléaire arrive en dernière position (6%), loin derrière l'emploi (45%) et le pouvoir d'achat (36%).
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