mercredi 18 janvier 2012

Flamanville, écartez les enfants !


La centrale de Flamanville (ici l’EPR en construction) comme les autres centrales nucléaires françaises, serait source de risque sanitaire pour les enfants vivant à proximité


Les enfants qui vivent à proximité des centrales nucléaires sont plus exposés au risque d’être atteints d’un cancer.

Vivre à proximité d’une centrale nucléaire présentet- il des risques pour la santé ? Pendant longtemps, cette question avait reçu peu de réponses satisfaisantes ou du moins convaincantes. Sauf de la part des exploitants de ces installations, qui ont toujours affirmé que ce voisinage ne présentait aucun danger d’ordre sanitaire.

C’est d’ailleurs pourquoi lorsque Jean-François Viel, professeur de médecine à la faculté de Besançon, a publié au milieu des années 1990 une étude faisant état d’un excès de leucémies et de cancers infantiles autour de l’établissement Areva (alors Cogéma) de La Hague, il a essuyé un feu nourri de très violentes critiques. A la mesure de la tempête qu’il avait soulevée. En cause : les méthodes statistiques employées et une population étudiée considérée comme insuffisamment nombreuse et pas assez représentative.

“Les centrales ne sont pas des parcs d’attraction’’

Aujourd’hui le scientifique doit éprouver un profond sentiment de revanche au vu des résultats d’une nouvelle étude, parue le 5 janvier dans une revue médicale de référence, “l’International Journal of Cancer”. Cette étude confirme la réalité et le sérieux du “lièvre” qu’avait soulevé le professeur Viel. Menée de 2002 à 2007 autour de 19 centrales nucléaires françaises, dont celle de Flamanville, par une équipe de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), et du centre anticancéreux de Villejuif, ce que l’étude montre n’est malheureusement pas très rassurant. Elle révèle ainsi un doublement de la fréquence d’apparition des leucémies infantiles chez les enfants de moins de 15 ans vivant à proximité des centrales nucléaires, c’est-à-dire dans un rayon de 5 kilomètres. L’augmentation représente même 2,2 fois cette fréquence chez les enfants de moins de 5 ans.

Signal sanitaire important

L’étude, d’une rigueur scientifique incontestable, est d’autant plus sérieuse qu’elle utilise une technique appelée géocodage, beaucoup plus fine que celle appliquée dans les travaux précédents. En clair, plutôt que d’étudier une commune dans son ensemble, les scientifiques ont observé les cas de leucémie, rue par rue, en fonction de leur éloignement de la centrale.

L’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, l’Acro, observe que “ces mêmes équipes, dans une étude semblable menée de 1990 à 2001 avaient conclu à l’absence d’augmentation du risque de leucémies autour des sites nucléaires français”.

Ces résultats vont non seulement dans le sens de ceux obtenus par Jean-François Viel, mais encore dans celui des résultats d’autres études menées dans le passé autour de sites nucléaires britanniques et allemands, dans ce dernier cas par le registre des cancers de Mayence. Pour Jean-Pierre Minne, membre du réseau “Sortir du nucléaire”, si l’étude qui vient d’être publiée mérite sûrement un satisfecit, en revanche il trouve “curieux que l’IRSN n’établisse pas de relation avec la radioactivité présente dans l’environnement des centrales nucléaires : ce ne sont pourtant pas des parcs d’attraction !”

De son côté, l’ACRO estime que les autorités “doivent prendre en compte ce nouveau signal sanitaire important.” Et l’association de plaider pour un élargissement de l’étude à l’ensemble des installations nucléaires et non plus aux seuls réacteurs et au-delà pour des études d’envergure internationale.

EDF Flamanville : le plein d’activité

L’année 2011 a été pour le chantier EPR de Flamanville une “année charnière”. 2012 sera une “année de concrétisation”. Celle qui consistera, petit à petit, à “remplir les boîtes” de câbles, de conduites, de réseaux et de matériels divers. L’électromécanique prend ainsi le pas sur le gros oeuvre et le génie civil. Cette année, 3 600 personnes ont oeuvré sur le chantier. 5 millions d’heures de travail seront programmées en 2012 sur un site qui a déjà nécessité 16 millions d’heures depuis son ouverture. La pose du dôme du réacteur se fera dans le courant de l’été prochain.

Parallèlement, 60 000 heures de formation ont été apportées aux 350 futurs exploitants du nouveau réacteur. Une équipe qui en attendant la mise en marche de l’EPR prévue pour 2016, est en partie envoyée dans les différentes centrales de France pour acquérir de l’expérience. Des échanges sont aussi en cours avec le chantier des deux EPR en cours de construction en Chine, mais aussi en Grande- Bretagne où sera également construit un réacteur de cette même famille.

900 jours de production

Concernant les réacteurs 1 et 2 de la centrale EDF de Flamanville, là encore l’activité bat son plein puisque les deux réacteurs mis en service en 1986 et 1987 enregistrent aujourd’hui la meilleure performance du parc nucléaire français. Soit 900 jours de fonctionnement sans interruption et une disponibilité de plus de 85 %. Ils ont ainsi produit à eux seuls, 18 milliards de kilowatt/heure soit 4 % de la production nationale d’électricité.

EDF Flamanville précise que ses rejets sont “nettement inférieurs” à la limite annuelle autorisée. Qu’il s’agisse du tritium (19 % de la limite annuelle dans l’air et 79 % dans la mer) des gaz rares, (4,4 %) ou encore de l’iode (19 %).

Eoliennes marines : résultat des courses à la mi-avril

Afin de doter la France à l’horizon 2020 de 1 200 éoliennes marines représentant une puissance électrique installée de 6 000 mégawatts, le gouvernement a lancé le 12 juillet 2011 un appel d’offres portant sur une première tranche de 600 machines et 3 000 mégawatts. Ces dernières doivent être implantées sur cinq sites au large des côtes de la Manche et de l’Atlantique : Le Tréport (150 éoliennes), Fécamp (100 éoliennes), Courseulles-sur-Mer (100 éoliennes), la baie de Saint-Brieuc (100 éoliennes), et l’estuaire de la Loire à Saint-Nazaire (150 éoliennes).

Deux fois 500 personnes

Globalement, ce projet représente un investissement de 10 milliards d’euros avec de 6 000 à 8 000 emplois à la clé. Mercredi 11 janvier, date limite pour le dépôt des candidatures, trois consortiums industriels emmenés par EDF énergies nouvelles, GDF Suez et l’espagnol Iberdrola, avaient déposé des dossiers.

Aux côtés du premier se trouvent Alstom, Don Energy, WPD Offshore, et Nass and Wind offshore. Il intéresse la Basse-Normandie car Alstom a choisi Cherbourg, en plus de Saint-Nazaire, pour implanter les unités de production, qui emploieraient 500 personnes dans chacun de ces deux ports. GDF Suez, lui, conduit deux consortiums, l’un avec Vinci et Areva, qui a exprimé sa préférence pour Le Havre, l’autre avec Siemens et Vinci. Enfin dans le consortium d’Iberdrola se trouvent Areva, Eole-res, Neoen marine et Technip.

Le choix du gouvernement sera rendu public à la mi-avril 2012. Il se fera à partir de trois critères : le prix du projet, ses répercussions industrielles, et l’environnement du site. Après quoi interviendra le lancement du second appel d’offres, identique au premier.

Publié par C.B le 18/01/2012 à 10h45

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