vendredi 27 janvier 2012
Un Breton soupçonné d'appartenir aux Anonymous mis en examen
Connu sous le pseudo de "Triskel", un Breton a été mis en examen, jeudi à Paris, révèle le site Owni. Il est soupçonné d'être un membre d'Anonymous, un mouvement de pirates informatiques qui a bloqué le site internet d'EDF au printemps dernier, après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Ce que le jeune homme, qui habite dans la région de Loudéac, nie formellement.
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Pierrick Goujon, un jeune homme de 29 ans, connu sous le pseudo de "Triskel", raconte sur Owni comment il a été interpellé mardi matin chez lui et placé en garde à vue par des policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), conduit à la gendarmerie de Loudéac, puis celle de Saint-Brieuc, avant d'être amené en région parisienne, au siège du Renseignement intérieur.
Au cours de ses 45 heures de garde à vue, explique le jeune Breton, il a répété aux policiers qu'il était totalement innocent des faits qui lui étaient reprochés
Il y a près de deux ans, si Pierrick Goujon avait fait parler de lui dans les pages du Télégramme, c'est en tant que porte-parole en Bretagne des Freegans, un mouvement qui lutte contre le gâchis en récupérant de la nourriture dans les poubelles.
Le site d'EDF attaqué après Fukushima
L'affaire pour laquelle il est aujourd'hui mis en examen ? A plusieurs reprises, les 20 et 23 avril et le 2 juin 2011, le site institutionnel d'EDF avait été bloqué dans le cadre d'une "attaque par déni de service" revendiquée par le groupe des Anonymous. Ce blocage du site avait entraîné un préjudice financier évalué à 160.000 euros.
Selon les éléments de l'enquête, c'est le mouvement Anonymous qui aurait lancé cette opération dans le sillage du mouvement d'opinion déclenché par l'accident de la centrale Fukushima au Japon le 11 mars. La campagne Greenrights, rappelle le site internet Owni, consistait à manifester sur les réseaux contre la dépendance au nucléaire.
Anonymous : un mouvement sans hiérarchie
Deux demandes d'entraide judiciaire ont été adressées à l'Allemagne et aux Etats-Unis. Une information judiciaire a été ouverte pour "accès et maintien frauduleux dans un système automatisé de traitement de données, entrave et participation à un groupement en vue de la participation à ces infractions". Elle vise en particulier à identifier d'autres participants à cette attaque, qui ciblait également les sites internet de General Electric et d'un opérateur italien.
Dépourvu de commandement central et de hiérarchie, Anonymous choisit ses cibles dans des salons de discussion sur internet, selon des experts en sécurité informatique.
Deux personnes mises en examen
Dans l'affaire EDF, outre Pierrick Goujon, un autre homme et une femme avaient été placés en garde à vue. Seules deux, dont le Breton, ont été présentées jeudi à un juge de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris. Elles ont été mises en examen pour "entente en vue de l'entrave au fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données".
Il a été interdit à Pierrick Goujon, placé sous contrôle judiciaire, de se rendre sur "tous réseaux, espaces ou forums de discussion dédiés aux Anonymous", précise Owni.
B.P. avec AFP
mercredi 18 janvier 2012
Flamanville, écartez les enfants !
La centrale de Flamanville (ici l’EPR en construction) comme les autres centrales nucléaires françaises, serait source de risque sanitaire pour les enfants vivant à proximité |
Les enfants qui vivent à proximité des centrales nucléaires sont plus exposés au risque d’être atteints d’un cancer.
Vivre à proximité d’une centrale nucléaire présentet- il des risques pour la santé ? Pendant longtemps, cette question avait reçu peu de réponses satisfaisantes ou du moins convaincantes. Sauf de la part des exploitants de ces installations, qui ont toujours affirmé que ce voisinage ne présentait aucun danger d’ordre sanitaire.
C’est d’ailleurs pourquoi lorsque Jean-François Viel, professeur de médecine à la faculté de Besançon, a publié au milieu des années 1990 une étude faisant état d’un excès de leucémies et de cancers infantiles autour de l’établissement Areva (alors Cogéma) de La Hague, il a essuyé un feu nourri de très violentes critiques. A la mesure de la tempête qu’il avait soulevée. En cause : les méthodes statistiques employées et une population étudiée considérée comme insuffisamment nombreuse et pas assez représentative.
“Les centrales ne sont pas des parcs d’attraction’’
Aujourd’hui le scientifique doit éprouver un profond sentiment de revanche au vu des résultats d’une nouvelle étude, parue le 5 janvier dans une revue médicale de référence, “l’International Journal of Cancer”. Cette étude confirme la réalité et le sérieux du “lièvre” qu’avait soulevé le professeur Viel. Menée de 2002 à 2007 autour de 19 centrales nucléaires françaises, dont celle de Flamanville, par une équipe de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), et du centre anticancéreux de Villejuif, ce que l’étude montre n’est malheureusement pas très rassurant. Elle révèle ainsi un doublement de la fréquence d’apparition des leucémies infantiles chez les enfants de moins de 15 ans vivant à proximité des centrales nucléaires, c’est-à-dire dans un rayon de 5 kilomètres. L’augmentation représente même 2,2 fois cette fréquence chez les enfants de moins de 5 ans.
Signal sanitaire important
L’étude, d’une rigueur scientifique incontestable, est d’autant plus sérieuse qu’elle utilise une technique appelée géocodage, beaucoup plus fine que celle appliquée dans les travaux précédents. En clair, plutôt que d’étudier une commune dans son ensemble, les scientifiques ont observé les cas de leucémie, rue par rue, en fonction de leur éloignement de la centrale.
L’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, l’Acro, observe que “ces mêmes équipes, dans une étude semblable menée de 1990 à 2001 avaient conclu à l’absence d’augmentation du risque de leucémies autour des sites nucléaires français”.
Ces résultats vont non seulement dans le sens de ceux obtenus par Jean-François Viel, mais encore dans celui des résultats d’autres études menées dans le passé autour de sites nucléaires britanniques et allemands, dans ce dernier cas par le registre des cancers de Mayence. Pour Jean-Pierre Minne, membre du réseau “Sortir du nucléaire”, si l’étude qui vient d’être publiée mérite sûrement un satisfecit, en revanche il trouve “curieux que l’IRSN n’établisse pas de relation avec la radioactivité présente dans l’environnement des centrales nucléaires : ce ne sont pourtant pas des parcs d’attraction !”
De son côté, l’ACRO estime que les autorités “doivent prendre en compte ce nouveau signal sanitaire important.” Et l’association de plaider pour un élargissement de l’étude à l’ensemble des installations nucléaires et non plus aux seuls réacteurs et au-delà pour des études d’envergure internationale.
EDF Flamanville : le plein d’activité
L’année 2011 a été pour le chantier EPR de Flamanville une “année charnière”. 2012 sera une “année de concrétisation”. Celle qui consistera, petit à petit, à “remplir les boîtes” de câbles, de conduites, de réseaux et de matériels divers. L’électromécanique prend ainsi le pas sur le gros oeuvre et le génie civil. Cette année, 3 600 personnes ont oeuvré sur le chantier. 5 millions d’heures de travail seront programmées en 2012 sur un site qui a déjà nécessité 16 millions d’heures depuis son ouverture. La pose du dôme du réacteur se fera dans le courant de l’été prochain.
Parallèlement, 60 000 heures de formation ont été apportées aux 350 futurs exploitants du nouveau réacteur. Une équipe qui en attendant la mise en marche de l’EPR prévue pour 2016, est en partie envoyée dans les différentes centrales de France pour acquérir de l’expérience. Des échanges sont aussi en cours avec le chantier des deux EPR en cours de construction en Chine, mais aussi en Grande- Bretagne où sera également construit un réacteur de cette même famille.
900 jours de production
Concernant les réacteurs 1 et 2 de la centrale EDF de Flamanville, là encore l’activité bat son plein puisque les deux réacteurs mis en service en 1986 et 1987 enregistrent aujourd’hui la meilleure performance du parc nucléaire français. Soit 900 jours de fonctionnement sans interruption et une disponibilité de plus de 85 %. Ils ont ainsi produit à eux seuls, 18 milliards de kilowatt/heure soit 4 % de la production nationale d’électricité.
EDF Flamanville précise que ses rejets sont “nettement inférieurs” à la limite annuelle autorisée. Qu’il s’agisse du tritium (19 % de la limite annuelle dans l’air et 79 % dans la mer) des gaz rares, (4,4 %) ou encore de l’iode (19 %).
Eoliennes marines : résultat des courses à la mi-avril
Afin de doter la France à l’horizon 2020 de 1 200 éoliennes marines représentant une puissance électrique installée de 6 000 mégawatts, le gouvernement a lancé le 12 juillet 2011 un appel d’offres portant sur une première tranche de 600 machines et 3 000 mégawatts. Ces dernières doivent être implantées sur cinq sites au large des côtes de la Manche et de l’Atlantique : Le Tréport (150 éoliennes), Fécamp (100 éoliennes), Courseulles-sur-Mer (100 éoliennes), la baie de Saint-Brieuc (100 éoliennes), et l’estuaire de la Loire à Saint-Nazaire (150 éoliennes).
Deux fois 500 personnes
Globalement, ce projet représente un investissement de 10 milliards d’euros avec de 6 000 à 8 000 emplois à la clé. Mercredi 11 janvier, date limite pour le dépôt des candidatures, trois consortiums industriels emmenés par EDF énergies nouvelles, GDF Suez et l’espagnol Iberdrola, avaient déposé des dossiers.
Aux côtés du premier se trouvent Alstom, Don Energy, WPD Offshore, et Nass and Wind offshore. Il intéresse la Basse-Normandie car Alstom a choisi Cherbourg, en plus de Saint-Nazaire, pour implanter les unités de production, qui emploieraient 500 personnes dans chacun de ces deux ports. GDF Suez, lui, conduit deux consortiums, l’un avec Vinci et Areva, qui a exprimé sa préférence pour Le Havre, l’autre avec Siemens et Vinci. Enfin dans le consortium d’Iberdrola se trouvent Areva, Eole-res, Neoen marine et Technip.
Le choix du gouvernement sera rendu public à la mi-avril 2012. Il se fera à partir de trois critères : le prix du projet, ses répercussions industrielles, et l’environnement du site. Après quoi interviendra le lancement du second appel d’offres, identique au premier.
Publié par C.B le 18/01/2012 à 10h45
vendredi 13 janvier 2012
LEUCÉMIES ET CENTRALES NUCLÉAIRES : DÉSINFORMATION OU INFORMATION ?
Une étude publiée par le International Journal of Cancer sur les cas de leucémies infantiles autour des centrales nucléaires françaises a donné lieu a des articles et déclarations très éloignés de la vérité.
► L'article scientifique est ici. Rares sont les commentateurs qui l'ont lu. C'est un mensonge pur et simple que d'affirmer que cet article scientifique permet de conclure que la radioactivité due aux centrales nucléaires provoque des leucémies chez les enfants.
► Son information principale est en réalité celle-ci : sur la période 1990-2007, il n'y a pas d'excès de cancer du sang (leucémies) chez les enfants de moins de 15 ans vivant à moins de 5 km d'une centrale nucléaire . En effet l'excès relevé entre 2002 et 2007 est compensé par un déficit par rapport aux nombres de cas attendus entre 1990 et 2002. Il faut noter que l'on compte environ 500 cas de leucémie infantile par an en Métropole, soit 2.753 entre 2002 et 2007 et 5.356 entre 1990 et 2001. Il est évident que lorsqu'une statistique porte sur des cas rares (14 cas en 2002/2007, 24 entre 1990 et 2007 à moins de 5km d'une centrale nucléaire), une durée de 6 ans d'observation signifie une mauvaise qualité d'information relativement à une durée de 17 ans d'observation du même phénomène. Il faut donc retenir la statistique longue et non pas la statistique courte.
► L'article scientifique stipule de manière claire que la radioactivité émise par les centrales nucléaires ne peut être une cause de l'excès de leucémies infantiles relevé sur la courte période 2002 -2007. Pour une raison simple : cette radioactivité est mille fois plus faible que la radioactivité naturelle. La conclusion de l'article : il n'y a pas d'association entre la proximité plus ou moins importante des cas avec la centrale, à l'intérieur de la zone des 5 kilomètres. Cette absence de corrélation est relevée y compris pour la période 2002/2007. En outre, les centrales nucléaires ne sont pas le facteur principal de variation de la radioactivité sur le territoire métropolitain. En d'autres termes, un enfant vivant près de la centrale nucléaire de Nogent sur Seine est moins exposé à la radioactivité qu'un enfant vivant loin de toute centrale nucléaire mais sur un territoire granitique et fortement émetteur de radon, comme en Limousin, en Bretagne centrale, ou à la Bourboule. Si l'on veut véritablement étudier l'effet de variations faibles de radioactivité sur l'incidence des leucémies infantiles, il faut faire une cartographie des zones à forte émission de radon car si il y a un effet, il sera beaucoup plus fort que celui des centrales nucléaire. Ce travail est en cours.
► Contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, les études sur 198 sites nucléaires européens n'ont montré un excès de leucémies infantiles que dans trois cas (Sellafield, Dounreay et Krummel).
► L'Autorité de sûreté nucléaire a mis en place un groupe de travail pluraliste, avec des associations, sur la thématique des leucémies infantiles, son dernier rapport est disponible ici. Et ici.
► Les explications de l'IRSN sont ici . En voici la conclusion :
Par Sylvestre Huet, le 13 janvier 2012«Les nouveaux résultats sont obtenus sur une période courte de 6 ans (2002-2007), et les effectifs sont donc très faibles, ce qui limite l’interprétation des résultats. Ceux-ci semblent en particulier très sensibles aux dernières années d’enregistrement (2006-2007). Notons que sur l’ensemble de la période pour laquelle des données sont disponibles (1990-2007), il n’apparait plus d’excès. Les résultats obtenus sur la période 2002-2007 apparaissent différents des résultats antérieurs. Ils doivent être mis en perspective avec les autres résultats disponibles par ailleurs, et la persistance d’un excès de risque potentiel devra être confirmée dans le futur. A ce titre, ces résultats singuliers ne permettent pas aujourd’hui de remettre en cause le bilan global des connaissances sur les risques autour des installations nucléaires.Dans cette étude, la collaboration de l’IRSN a permis d’apporter ses compétences dans le domaine des faibles doses, que ce soit sur la connaissance des effets à long terme des expositions aux rayonnements ionisants ou sur la caractérisation de l’exposition de la population. En particulier, ces compétences en modélisation ont permis l’élaboration d’un zonage basé sur la dispersion des rejets gazeux des centrales nucléaires. Il n’apparait pas d’excès de leucémies sur la période 2002-2007 lorsque l’on utilise ce zonage.Même s’il repose sur une approche assez élaborée (considération d’un spectre de 12 radionucléides, utilisation de données de rejet réelles, données météorologiques locales de direction et de force des vents et de précipitations, modélisation du transfert dans les différents compartiments de l’environnement, considération des différentes voies d’exposition (inhalation, ingestion, exposition externe due au dépôt, utilisation de coefficients de dose spécifiques de l’organe pertinent…), il doit être rappelé que ce zonage ne prétend en aucun cas permettre l’estimation des doses de chaque individu (qui nécessiterait de disposer des données personnelles du vécu et du comportement de chacun). Il propose simplement une approche tenant mieux en compte les spécificités locales des sites, et en ce sens, représente une réelle amélioration par rapport à l’utilisation de simples cercles concentriques. L’absence d’excès observé avec ce zonage ne va pas dans le sens d’un lien entre les rejets radioactifs des installations et le risque de leucémie infantile. Cette différence de résultats entre l’utilisation de la simple distance ou du zonage des doses illustre de plus la sensibilité des résultats aux choix méthodologiques d’analyse.
Une limite importante du présent travail est l’absence de données individuelles sur l’historique résidentiel, sur le vécu des enfants, sur le déroulement de la grossesse ou les expositions des parents. L’absence de ces données limite l’interprétation qui peut être faite des résultats observés. Notons néanmoins que l’analyse réalisée dans GEOCAP a permis tenir compte de la proximité de lignes à haute tension.Une des forces de l’étude GEOCAP de l’INSERM est qu’elle vise à analyser plusieurs facteurs de risque environnementaux potentiels des leucémies infantiles (proximité des lignes à haute tension, radioactivité naturelle, proximité d’axes routiers ou de stations essence…). In fine, cette étude devrait permettre une analyse multifactorielle du risque de leucémies infantiles, et contribuer ainsi à l’amélioration des connaissances sur les causes des leucémies infantiles.En conclusion, l’étude observe un excès potentiel de leucémies infantiles dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires françaises sur la période 2002-2007. Ce résultat repose sur des effectifs très faibles, et n’est pas confirmé sur une période plus longue ou lorsque l’on utilise un zonage fondé sur la modélisation des rejets gazeux des centrales. Cette observation pourrait être due à des facteurs de risque non déterminés présents à proximité des installations nucléaires. Ce résultat pousse à un approfondissement des recherches sur les causes des leucémies infantiles.Par ailleurs, une réflexion est en cours au niveau européen sur les questions scientifiques ouvertes sur les effets sanitaires des faibles doses de rayonnements ionisants au sein de la plateforme MELODI (Multidisciplinary European Low Dose Initiative, www.melodi-online.eu/). Cette plateforme regroupe plus d’une quinzaine d’organismes européens spécialisés en radioprotection ou impliqués dans la recherche aux faibles doses. Dans le cadre de cette plateforme, un séminaire de consensus va être organisé mi-2012 conjointement par l’IRSN et BfS (Office Fédéral de Radioprotection Allemand), sur la méthodologie des études des risques à proximité des installations nucléaires et la recherche des causes des leucémies infantiles. L’organisation d’un tel séminaire résulte également des conclusions du groupe de travail Installations nucléaires de base et leucémies de l’enfant » dirigé par le Pr Sommelet.»
Enercoop Energie Renouvelable
Enercoop
Est une Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC) SA à capital variable, visant le développement des énergies renouvelables en France. Elle a pour activité principale la fourniture d'électricité d'origine renouvelable.
Cette activité s'inscrit dans le contexte de l'ouverture du marché de l'énergie impulsée par Bruxelles, qui a conduit à une séparation des activités de transport (qui restent un monopole public) et de fourniture de l’énergie.
Depuis 2004, les professionnels peuvent librement choisir leur fournisseur d'électricité (environ 4.5 millions de sites concernés). Les particuliers auront également ce droit à partir de juillet 2007.
La forme coopérative d'Enercoop permet de regrouper producteurs et consommateurs afin de garantir une traçabilité commerciale de l'électricité (la traçabilité physique des électrons étant impossible). Ce qui est facturé aux consommateurs est reversé aux producteurs verts de la coopérative.
Enercoop rassemble par ailleurs des professionnels des énergies renouvelables, des associations citoyennes, des collectivités locales, des acteurs de l'économie sociale et solidaire (Enercoop est agréée entreprise solidaire).
Enercoop se démarque des autres fournisseurs à la fois par sa forme coopérative et son offre d'électricité éthique et 100 % verte.
Historique
A l'origine d'Enercoop,
- Un groupe de travail d'une vingtaine d'acteurs issus du monde des énergies renouvelables, des associations citoyennes et de l'économie solidaire : le CLER (Comité de Liaison des Energies Renouvelables), la Compagnie du Vent, Espace Eolien Développement (éoliens), Solagro (biogaz), Hespul (photovoltaïque), le réseau des magasins Biocoop, les associations Agir pour l'Environnement, Greenpeace France, les Amis de la Terre, etc...
- Un objectif ambitieux : agir concrétement pour développer les énergies renouvelables en France et inciter à la maîtrise de l'énergie.
Fin 2005, Enercoop officialise son existence, dépose son nom et obtient le statut de SCIC. Ce statut délivré par la préfecture reconnaît l'utilité sociale et l'intérêt collectif d'Enercoop. Septembre 2006, Enercoop reçoit l'agrément " entreprise solidaire " et commence à livrer ses premiers consommateurs.
Objectifs
Le premier objectif d'Enercoop est de développer la production d'électricité d'origine renouvelable et de favoriser les comportements énergétiques responsables chez les consommateurs.
Pour ce faire, Enercoop vise à rendre les énergies renouvelables plus compétitives en développant leur marché et à inciter à la réduction de consommation.
Développer le marché des énergies renouvelables consiste entre autre à rassembler les consommateurs prêts à se fournir exclusivement auprès de producteurs verts et à favoriser les investissements.
Enercoop souhaite impulser et soutenir des investissements collectifs afin de développer localement de nouveaux moyens de production verts (éolien, biogaz, solaire et hydraulique).
Fonctionnement
Enercoop achète de l'électricité à des producteurs d'électricité renouvelable membres de la coopérative.
L'électricité est acheminée par le réseau public de transport et de distribution, auprès duquel Enercoop s'acquitte d'un droit d'accès proportionnel à son utilisation.
L'électricité est ensuite facturée au consommateur final à un prix incluant le coût de l'énergie et le coût d'accès au réseau.
- Commerce équitable
La commercialisation de l'électricité par Enercoop s'inscrit dans le concept de commerce équitable. L'électricité est achetée aux producteurs au prix juste : différent suivant les filières (hydraulique, éolien, photovoltaïque, biogaz), le prix est fixé pour permettre un retour sur investissement suffisant pour assurer le développement de chaque filière. En payant ce prix juste, le consommateur participe concrètement au développement des énergies renouvelables.
- Décision collective
La SCIC est une nouvelle forme d'entreprise sociale qui s'inscrit dans le courant de l'économie sociale et solidaire et qui permet d'associer celles et ceux qui veulent agirensemble dans un même projet. Dans l'organisation d'Enercoop, producteurs et consommateurs d'électricité ont les mêmes droits. Plus précisément, la coopérative est structurée en 6 collèges : producteurs, consommateurs, salariés, porteurs de projet, partenaires et collectivités locales. Ils sont tous représentés au Conseil d'Administration. Dans chaque collège, les décisions sont prises sur le principe démocratique " une personne = une voix ". Aujourd'hui, Enercoop regroupe plus de 500 sociétaires.
- Utilisation des bénéfices
Les statuts d'Enercoop imposent le réinvestissement de la majeure partie des bénéfices dans des nouveaux moyens de production et des services de maitrise de l'énergie. Le capital détenu par les membres de la coopérative ne peut être rétribué à plus de 4,5%.
Premier bilan
L'année 2006 aura été marquée par le démarrage effectif de l'activité d'Enercoop, le 1er septembre. En moins de trois mois, près de 200 consommateurs ont rejoint Enercoop.
- Consommateurs
200 consommateurs ont déjà souscrit à l'offre 100 % verte d'Enercoop (900 000 kWh annuels environ). Il s'agit d'agriculteurs, de professions libérales, d'associations et de particuliers exerçant une activité professionnelle à domicile.
- Producteurs
8 producteurs produisant plus de 1 000 000 kWh annuels : 1 centrale hydroélectrique, 1 petite éolienne et 6 toits solaires photovoltaïques.
- Sociétaires
530 membres ont rejoint la coopérative, ce qui porte le capital social à 232 000 €
- Subventions
Fondation de France, Conseil régional Île de France, Fondation Macif, Fondation Chèque Déjeuner. Partenariats Convention avec le Conseil Régional d'Île-de France, Convention avec les clubs CIGALEs, Charte éthique des IUT...
- Équipe
Enercoop compte aujourd'hui quatre salariés.
Perspectives
Pour les prochaines années, Enercoop a des perspectives de développement ambitieuses mais néanmoins réalistes. En terme d’usagers, Enercoop a pour objectif d’alimenter en électricité renouvelable début 2009 près de 10 000 consommateurs d'électricité, dont plus de 4000 sur Paris et sa région.
Le nombre de producteurs admis au sein d’Enercoop va augmenter simultanément pour garantir l’équilibre entre énergie " verte " injectée sur le réseau de distribution et quantités soutirées par les usagers de la coopérative.
Site Web
Les avis de consommateurs sur Enercoop
* Dans ce cas précis (Enercoop) la raison d'un changement n'est bien évidemment pas l'économie éventuelle mais bien l'encouragement des énergies renouvelables, puisque le tarif actuel est déjà plus élevé que celui d'EDF.
A titre d'exemple, pour un contrat 6KVA sans heures creuses :
EDF : abonnement de 61,05 € annuel + 0,1311 € le kWh
Enercoop : abonnement de 117 € annuel + 0,1397 € le kWh
* Choisir Enercoop est une action militante, car il y a un surcout d'environ 30% sur la facture. Néanmoins le choix s'est imposé de lui même. Je suis convaincu que nous avons besoin de développer les énergies renouvelables et Enercoop est selon moi le seul acteur qui favorise ce développement.
* Jacques Weber
Assimiler l’initiative d’Enercoop à cette mouvance est pour le moins un raccourci rapide et fâcheux. Ceux qui ont participé à la session énergie et transports de l’Université d’été 2005, à laquelle avait participé l’un des fondateurs de cette coopérative, pourront en témoigner : même si leur accroche comporte des éléments fort contestables (les électrons ne sont ni verts ni rouges), la démarche d’Enercoop est d’une autre nature. Il ne s’agit pas d’une coopérative de production ordinaire mais d’une Société coopérative d’Intérêt collectif (www.scic.coop/). Ce type de coopérative pourrait bien représenter l’une des formes réalisable ici et maintenant, de services publics décentralisés mettant autour d’une même table salariés, collectivités locales et usagers... Une sorte de retour à ce qu’aurait pu/dû être les services publics créés ou conservés, pour ceux qui existaient avant, par la loi de 1946.
Alors, dans cette campagne de défense du service public, ne nous trompons pas d’ennemi, Énercoop et ses membres fondateurs (dont des fondateurs d’Attac...) n’est pas dans le camp des traders, même si son placard publicitaire est un peu commercial.
Nier toute forme d’« utilité sociale » à cette coopérative : au nom de quoi, de qui ? Ce type de jugement à l’emporte-pièce contribue à nous priver d’alliés précieux dans notre défense des services publics (campagne Marchew). La faiblesse des mouvements de défense d’EDF lors du vote de la loi de changement de statut a, on peut le craindre, été accentuée par les divisions qui opposent depuis des dizaines d’années les mouvements « écologistes » et les mouvements « sociaux ».
Alors dénonçons les vrais traders, dénonçons Poweo, dénonçons l’influence grandissante de Powernext, ne nous trompons pas d’adversaires.
À propos d’Énercoop et de l’électricité « verte » (suite)
Pour reprendre une remarque que me faisait au téléphone Benjamin Dessus, l’une des difficultés à laquelle nous nous heurtons sur ces questions énergétiques est qu’il y a des vraies contradictions, des vraies difficultés et que dès que l’on tente de les aborder de face, de les poser sur la table sans à priori, les tenants de telle ou telle « solution » se barricadent dans leurs certitudes et refusent d’entendre quoi que ce soit dans les interrogations de ceux qui sont catalogués « en face ». C’était l’un de mes constats au moment du vote de la loi de changement de statut d’Edf, et je crois que cette attitude a, entre autres raisons, miné la popularité de la défense de ce service public, d’où le « bide » de la mobilisation que j’évoquais précédemment. Mais j’étais ce jour là Boulevard de Bonne nouvelle à distribuer des tracts d’Attac, et c’était fort triste.
Je livre ci-dessous, un peu en vrac, quelques remarques et interrogations qui me semblent devoir être un jour ou l’autre abordées.
Tous les acteurs de la scène énergétique se sont lancés à corps perdu, à des titres divers, dans le « vert » : Edf, Areva (OPA « amicale » sur l’allemand REpower Systems), BP Solar, Total environnement, Poweo, etc. Cette remarque m’avait fait parler en 2004, lors d’une intervention à l’Université d’été d’Attac, de néocapitalisme vert, ce qui avait donné lieu à un échange (fructueux, d’ailleurs) avec Sven Giegold, d’Attac Allemagne. Ce dernier avait souligné certains aspects originaux de l’expérience allemande, qui va bien au delà de planter partout des éoliennes.
Ce qui différencie Énercoop des autres acteurs n’est justement pas le « vert ». Leur propos pose la question des énergies décentralisées, du rôle des collectivités locales (c’est une SCIC), pose la question de la répartition des pouvoirs dans l’entreprise, en y incluant les salariés et les usagers (voir les ambitions historiques des EPIC créés en 1946). Je n’ai aucune raison, compte tenu de la nature de certains des membres fondateurs de la coopérative, de mettre en doute la réalité de ce propos. Et c’est en ce sens là que nous sommes à des années-lumière de la démarche des autres « fournisseurs » qui achètent et vendent des kWh sur Powernext. L’« utilité sociale » d’institutions comme les Scic a été soulignée par de nombreuses personnes, y compris certains qui se sont exprimés sur la liste Marchew [1]. Tout cela ne veut pas dire qu’Énercoop ne souffre pas elle même de contradictions, tenter de les cerner ne passe pas, à mon avis, par un tir de barrage.
Ce qui différencie Énercoop des autres acteurs n’est justement pas le « vert ». Leur propos pose la question des énergies décentralisées, du rôle des collectivités locales (c’est une SCIC), pose la question de la répartition des pouvoirs dans l’entreprise, en y incluant les salariés et les usagers (voir les ambitions historiques des EPIC créés en 1946). Je n’ai aucune raison, compte tenu de la nature de certains des membres fondateurs de la coopérative, de mettre en doute la réalité de ce propos. Et c’est en ce sens là que nous sommes à des années-lumière de la démarche des autres « fournisseurs » qui achètent et vendent des kWh sur Powernext. L’« utilité sociale » d’institutions comme les Scic a été soulignée par de nombreuses personnes, y compris certains qui se sont exprimés sur la liste Marchew [1]. Tout cela ne veut pas dire qu’Énercoop ne souffre pas elle même de contradictions, tenter de les cerner ne passe pas, à mon avis, par un tir de barrage.
Quelques questions, qui peuvent éventuellement fâcher :
Pourquoi EDF a-t-elle quitté la démocratie, bien avant d’être privatisée ?
Pourquoi les syndicats dominants ne dénoncent-ils pas publiquement (n’ont-ils pas dénoncé avant) cet abandon de la démocratie qui était pourtant inscrite dans les statuts initiaux ?
Comment articuler les différents niveaux (local, régional, national, international) d’interventions des acteurs de la scène énergétique (et là je pense être en plein accord avec les remarques de Christiane [2]) ?
Pourquoi Greenpeace (qui n’est pas, elle non plus exempte de contradictions..., mais de l’ordre de 100 000 adhérents en France tout de même, dont de nombreux jeunes) appelle-t-elle à quitter Edf ?
Pourquoi certains maires ou responsables locaux, verts et anti-libéraux, se heurtent-ils trop souvent à Edf (ou maintenant RTE) dès qu’ils tentent de pousser des initiatives au niveau local ?
Pourquoi les défenseurs de la politique centralisée, quand ils sont impliqués dans le combat contre le néolibéralisme, ne dénoncent-ils pas les truquages des calculs du coût réel du nucléaire ; indépendamment du choix de la source, ce qui est une autre question ? Je suis un peu matheux, nous savons très bien qu’avec un petit jeu sur les taux d’actualisation on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres dans le cadre d’investissement à plus de 50 ans... Les cadres d’Edf de la grande époque des services publics étaient passés maîtres dans l’art de ces jeux sur les taux quand ils voulaient pousser ou démolir un projet d’investissement lourd (centrale, barrage hydroélectrique ou autre).
Pourquoi les syndicats dominants ne dénoncent-ils pas publiquement (n’ont-ils pas dénoncé avant) cet abandon de la démocratie qui était pourtant inscrite dans les statuts initiaux ?
Comment articuler les différents niveaux (local, régional, national, international) d’interventions des acteurs de la scène énergétique (et là je pense être en plein accord avec les remarques de Christiane [2]) ?
Pourquoi Greenpeace (qui n’est pas, elle non plus exempte de contradictions..., mais de l’ordre de 100 000 adhérents en France tout de même, dont de nombreux jeunes) appelle-t-elle à quitter Edf ?
Pourquoi certains maires ou responsables locaux, verts et anti-libéraux, se heurtent-ils trop souvent à Edf (ou maintenant RTE) dès qu’ils tentent de pousser des initiatives au niveau local ?
Pourquoi les défenseurs de la politique centralisée, quand ils sont impliqués dans le combat contre le néolibéralisme, ne dénoncent-ils pas les truquages des calculs du coût réel du nucléaire ; indépendamment du choix de la source, ce qui est une autre question ? Je suis un peu matheux, nous savons très bien qu’avec un petit jeu sur les taux d’actualisation on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres dans le cadre d’investissement à plus de 50 ans... Les cadres d’Edf de la grande époque des services publics étaient passés maîtres dans l’art de ces jeux sur les taux quand ils voulaient pousser ou démolir un projet d’investissement lourd (centrale, barrage hydroélectrique ou autre).
À propos du cas de l’Allemagne
La politique énergétique allemande est souvent fortement caricaturée en France. Cette caricature porte sur deux points principaux :
nos voisins sont perçus comme couvrant leur pays d’éoliennes.
les performances de l’Allemagne sont inférieures à celles de la France en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.
nos voisins sont perçus comme couvrant leur pays d’éoliennes.
les performances de l’Allemagne sont inférieures à celles de la France en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.
Ces deux points, qui sont évidemment fortement reliés, montrent une ignorance de la politique suivie depuis bientôt dix ans par notre voisin, et ce malgré des fluctuations importantes de majorités au Parlement.
L’Allemagne part d’une situation très dégradée
Le système énergétique allemand fait largement appel à des sources fortement émettrices de gaz à effet de serre :
Dans la production électrique la part des centrales au charbon et, pire, au lignite a été longtemps dominante.
Dans les domaines des transports la part de la route est écrasante.
Dans la production électrique la part des centrales au charbon et, pire, au lignite a été longtemps dominante.
Dans les domaines des transports la part de la route est écrasante.
Il n’est donc pas étonnant qu’un pays fortement industrialisé soit, dans de telles conditions, un grand émetteur de gaz à effet de serre, essentiellement du CO2. Dans les années 1990, l’Allemagne émettait pratiquement deux fois plus de CO2 par habitant que la France. Alors que l’émission de CO2 n’a pas varié chez nous depuis cette date, l’Allemagne connaît une diminution de ses émissions (-15% en 2004 par rapport à 1990).
Une politique énergétique globale sur le long terme
Le programme allemand de réduction d’émission des gaz à effet de serre part du constat, qui est applicable chez nous également, que plus de 40% de ces émissions sont liées à la production de chaleur basse température (chauffage des locaux et production d’eau chaude) et plus de 30% sont liées aux transports.
La mesure principale concerne donc la baisse de la consommation énergétique partout où cela est techniquement réalisable. Un second groupe de mesures concerne l’efficacité du système énergétique. Pour citer un exemple, toute production d’électricité par des moyens thermiques produit de la chaleur. Cette chaleur peut être réutilisée pour les besoins de chauffage et de production d’eau chaude (cogénération) au lieu d’être évacuée dans les fleuves ou l’air ambiant. Le troisième groupe de mesures, qui n’aurait aucun sens sans les deux premiers, concerne l’augmentation de la part des énergies renouvelables (tant pour la production d’électricité que de chaleur).
Le premier résultat, visible pour tout voyageur qui traverse le pays, est un changement profond dans les techniques de construction et de rénovation (point le plus problématique) dans le bâtiment. Alors que les dernières normes françaises visent à une consommation de chaleur des bâtiments de 50 kWh/m2/an (200 pour les constructions anciennes), les maisons passives (passive haus) ne dépassent pas 15 kWh/m2/an, avec les mêmes conditions de confort.
Nous sommes loin de la vision centrée sur la seule production d’électricité par des éoliennes.
Ce type de politique suppose une dimension multi-sectorielle, le service énergétique n’est plus simplement chargé de produire, forme d’énergie par forme d’énergie, le plus possible au meilleur coût, il est responsable d’une harmonisation globale des besoins en services énergétiques. Attitude radicalement différente.
La mesure principale concerne donc la baisse de la consommation énergétique partout où cela est techniquement réalisable. Un second groupe de mesures concerne l’efficacité du système énergétique. Pour citer un exemple, toute production d’électricité par des moyens thermiques produit de la chaleur. Cette chaleur peut être réutilisée pour les besoins de chauffage et de production d’eau chaude (cogénération) au lieu d’être évacuée dans les fleuves ou l’air ambiant. Le troisième groupe de mesures, qui n’aurait aucun sens sans les deux premiers, concerne l’augmentation de la part des énergies renouvelables (tant pour la production d’électricité que de chaleur).
Le premier résultat, visible pour tout voyageur qui traverse le pays, est un changement profond dans les techniques de construction et de rénovation (point le plus problématique) dans le bâtiment. Alors que les dernières normes françaises visent à une consommation de chaleur des bâtiments de 50 kWh/m2/an (200 pour les constructions anciennes), les maisons passives (passive haus) ne dépassent pas 15 kWh/m2/an, avec les mêmes conditions de confort.
Nous sommes loin de la vision centrée sur la seule production d’électricité par des éoliennes.
Ce type de politique suppose une dimension multi-sectorielle, le service énergétique n’est plus simplement chargé de produire, forme d’énergie par forme d’énergie, le plus possible au meilleur coût, il est responsable d’une harmonisation globale des besoins en services énergétiques. Attitude radicalement différente.
Une tradition de décentralisation
Lors de la création, en France, des grands établissements de service public - EDF et GDF, en 1946 - l’objectif était de remplacer les secteurs capitalistes par des services publics. Là où existaient des services publics locaux ils ont été maintenus (régies intercommunales). On oublie un peu facilement ce point dans les débats actuels. Il est vrai que ces services ne couvrent que 5% de la consommation électrique, mais ils illustrent bien ce que pourraient être les composantes décentralisées d’un service public de l’énergie. Dans ce type de démarche, la structure des SCIC est une possibilité applicable ici et maintenant.
L’Allemagne est par son histoire un pays décentralisé. Cela ne veut pas dire que toutes les entreprises chargées de services énergétiques soient des services publics, loin de là, mais il y en a, sous forme de coopératives communales, par exemple (voir les exposés de Sven Giegold).
L’intérêt de l’approche décentralisée est dans la structure de la consommation : la majorité des besoins de services énergétiques sont eux même décentralisés et concernent des formes d’énergies différentes (chaleur et électricité, par exemple).
Une illustration négative de ce qui précède : les tours de la Défense sont flanquées de tours auxiliaires de climatisation, chargées de produire du chaud en hiver et du froid en été, à grands renforts de consommation électrique. Tout cela, simplement, pour palier une conception architecturale délirante. Techniquement il est tout à fait pensable de créer des tours à bilan énergétique quasi nul... Il s’en construit une actuellement à... New York. Il est clair que dans le cas de la Défense le problème de la réhabilitation ne va pas être une petite affaire.
L’Allemagne est par son histoire un pays décentralisé. Cela ne veut pas dire que toutes les entreprises chargées de services énergétiques soient des services publics, loin de là, mais il y en a, sous forme de coopératives communales, par exemple (voir les exposés de Sven Giegold).
L’intérêt de l’approche décentralisée est dans la structure de la consommation : la majorité des besoins de services énergétiques sont eux même décentralisés et concernent des formes d’énergies différentes (chaleur et électricité, par exemple).
Une illustration négative de ce qui précède : les tours de la Défense sont flanquées de tours auxiliaires de climatisation, chargées de produire du chaud en hiver et du froid en été, à grands renforts de consommation électrique. Tout cela, simplement, pour palier une conception architecturale délirante. Techniquement il est tout à fait pensable de créer des tours à bilan énergétique quasi nul... Il s’en construit une actuellement à... New York. Il est clair que dans le cas de la Défense le problème de la réhabilitation ne va pas être une petite affaire.
Des objectifs très ambitieux que seule une volonté politique pourra faire aboutir
L’ambition du ministère fédéral de l’environnement, présenté en avril 2007, est de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne à l’horizon 2020. Cette diminution est deux fois plus importante que celle exigée par la Commission européenne. La réalisation de cet objectif passe par des mesures techniques contraignantes et des mesures financières. L’avenir dira si la volonté politique dépassera les intérêts des lobbies divers.
Si l’Allemagne atteint ces objectifs, elle sera plus « vertueuse », en 2020, que la France vis-à-vis de la question climatique, et, surtout, aura profondément transformé ses infrastructures, ce qui est un investissement à long terme.
Si l’Allemagne atteint ces objectifs, elle sera plus « vertueuse », en 2020, que la France vis-à-vis de la question climatique, et, surtout, aura profondément transformé ses infrastructures, ce qui est un investissement à long terme.
N’oublions pas qu’au niveau mondial, la question climatique, la question de l’épuisement des ressources (ce qui vient d’être dit sur l’énergie pourrait être repris sur la question de l’eau) seront déterminantes dans l’évolution de la planète vers une situation de guerre de tous contre tous ou d’un autre monde possible. Ce qui m’inquiète dans la façon dont nous prenons ces questions est que chacun semble défendre ses certitudes. Il n’y a pas de voie toute tracée, les contradictions sont nombreuses, refuser de les aborder est la pire des attitudes.
Jacques Weber
jeudi 12 janvier 2012
La guerre secrète contre la bombe iranienne
Un spécialiste du nucléaire a été assassiné mercredi en Iran.
Côté pile, une guerre des mots exacerbée par les menaces iraniennes de bloquer le détroit d'Ormuz, par où transitent 35 % du brut mondial. Côté face, une guerre clandestine qui fait rage contre la bombe nucléaire iranienne.
Mostafa Ahmadi Roshan, un spécialiste du nucléaire qui travaillait à Natanz, le principal site iranien d'enrichissement d'uranium, qui abrite 8000 centrifugeuses, a été assassiné mercredi dans l'explosion de sa voiture à Téhéran. Après Massoud Ali Mohammadi, Majid Shahriari et Darioush Rezai, c'est le quatrième scientifique iranien tué depuis janvier 2010. Les autorités iraniennes ont tout de suite accusé Israël et prévenu que les pressions internationales ne détourneront pas Téhéran de sa route vers le nucléaire.
Face aux récents progrès du programme militaire iranien, confirmés en novembre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'État hébreu, épaulé par ses alliés occidentaux qui prennent de nouvelles sanctions contre Téhéran, a passé la vitesse supérieure et multiplié les opérations clandestines visant à ralentir la marche vers la bombe atomique chiite. Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Benny Gantz, a reconnu il y a peu qu'il se passerait des «événements inhabituels » en 2012 en Iran.
L'assassinat d'experts nucléaires n'est que l'une des facettes de cette guerre de l'ombre qui s'appuie aussi sur des attaques informatiques, des sabotages et des exfiltrations de transfuges. L'an dernier, le virus informatique Stuxnet, en infectant plus de 30.000 ordinateurs, a suffisamment endommagé les centrifugeuses pour retarder le programme iranien pendant six mois. «Depuis, cela s'est compliqué. Les Iraniens ont commencé à supprimer les ports USB de leurs ordinateurs », affirme Shlomo Brom de l'Institut pour les études de sécurité nationale de Tel-Aviv. Mais un autre virus, Duqu, s'est malgré tout faufilé jusqu'aux installations clandestines de la République islamique, en novembre dernier.
Tsahal, l'armée israélienne, reste mutique sur la partie offensive de son programme de cyberguerre. Mais les spécialistes reconnaissent que les moyens déployés sont importants. Quant aux images satellites de la mystérieuse explosion qui a eu lieu le mois dernier dans une base de missiles, elles font davantage penser à une attaque de drone ou à un sabotage de l'intérieur qu'à un accident industriel, comme l'ont prétendu les autorités iraniennes.
Nul ne sait avec certitude quels États participent à cette guerre clandestine. Mais le New Yorkera révélé il y a plusieurs années que le Congrès américain avait alloué des fonds à la Maison-Blanche pour financer des opérations spéciales visant le programme nucléaire iranien. Les spécialistes du dossier reconnaissent par ailleurs une certaine «union sacrée » sur le sujet entre le Mossad israélien et les services de renseignements occidentaux, notamment américains, britanniques et français.
Pour les experts, le parallèle entre l'Iran et l'Irak est troublant. «La décision d'attaquer Osirak avait été prise avec l'idée d'obtenir un délai d'un à cinq ans et non pas de régler définitivement le problème du nucléaire irakien », rappelle Camille Grand, le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. Si le calcul politique de Tel-Aviv vis-à-vis de Téhéran est le même - gagner du temps - l'éventualité d'une intervention militaire israélienne contre les installations iraniennes prend une dimension nouvelle. D'autant plus que depuis le bombardement d'Osirak, en 1981, les moyens de frappe sont devenus à la fois plus furtifs et plus efficaces…
Mostafa Ahmadi Roshan, un spécialiste du nucléaire qui travaillait à Natanz, le principal site iranien d'enrichissement d'uranium, qui abrite 8000 centrifugeuses, a été assassiné mercredi dans l'explosion de sa voiture à Téhéran. Après Massoud Ali Mohammadi, Majid Shahriari et Darioush Rezai, c'est le quatrième scientifique iranien tué depuis janvier 2010. Les autorités iraniennes ont tout de suite accusé Israël et prévenu que les pressions internationales ne détourneront pas Téhéran de sa route vers le nucléaire.
Face aux récents progrès du programme militaire iranien, confirmés en novembre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'État hébreu, épaulé par ses alliés occidentaux qui prennent de nouvelles sanctions contre Téhéran, a passé la vitesse supérieure et multiplié les opérations clandestines visant à ralentir la marche vers la bombe atomique chiite. Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Benny Gantz, a reconnu il y a peu qu'il se passerait des «événements inhabituels » en 2012 en Iran.
Cyberguerre
«Le but est d'empêcher que l'Iran ne franchisse le seuil nucléaire », explique François Heisbourg, expert à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). «En Israël, on appelle cela tondre le gazon. » Encore hésitantes sur une intervention militaire, les autorités israéliennes tentent de freiner par d'autres moyens le programme nucléaire iranien. «Faire disparaître les scientifiques est l'une des manières de rendre les choses plus difficiles et de gagner du temps. On aurait dû commencer plus tôt », commentait récemment Efraim Inbar, de l'université Bar-Ilan à Jérusalem.L'assassinat d'experts nucléaires n'est que l'une des facettes de cette guerre de l'ombre qui s'appuie aussi sur des attaques informatiques, des sabotages et des exfiltrations de transfuges. L'an dernier, le virus informatique Stuxnet, en infectant plus de 30.000 ordinateurs, a suffisamment endommagé les centrifugeuses pour retarder le programme iranien pendant six mois. «Depuis, cela s'est compliqué. Les Iraniens ont commencé à supprimer les ports USB de leurs ordinateurs », affirme Shlomo Brom de l'Institut pour les études de sécurité nationale de Tel-Aviv. Mais un autre virus, Duqu, s'est malgré tout faufilé jusqu'aux installations clandestines de la République islamique, en novembre dernier.
Tsahal, l'armée israélienne, reste mutique sur la partie offensive de son programme de cyberguerre. Mais les spécialistes reconnaissent que les moyens déployés sont importants. Quant aux images satellites de la mystérieuse explosion qui a eu lieu le mois dernier dans une base de missiles, elles font davantage penser à une attaque de drone ou à un sabotage de l'intérieur qu'à un accident industriel, comme l'ont prétendu les autorités iraniennes.
Nul ne sait avec certitude quels États participent à cette guerre clandestine. Mais le New Yorkera révélé il y a plusieurs années que le Congrès américain avait alloué des fonds à la Maison-Blanche pour financer des opérations spéciales visant le programme nucléaire iranien. Les spécialistes du dossier reconnaissent par ailleurs une certaine «union sacrée » sur le sujet entre le Mossad israélien et les services de renseignements occidentaux, notamment américains, britanniques et français.
Parallèle avec l'Irak
La méthode a déjà été testée en Irak. «Avant de bombarder le réacteur nucléaire d'Osirak, les Israéliens avaient tondu le gazon. Ils avaient assassiné plusieurs scientifiques, dont certains à l'étranger. Ils avaient aussi, en faisant sauter la cuve du réacteur Osirak à la Seyne-sur-Mer en 1979, retardé pendant deux ans sa construction en France », poursuit François Heisbourg. Ce n'est que plusieurs années plus tard, alors que l'herbe avait repoussé, qu'après un dur débat interne, les autorités israéliennes s'étaient résignées à bombarder Osirak, avant que le combustible ne soit chargé dans le réacteur. Le répit ainsi obtenu avait permis de retarder le programme irakien, qui fut ensuite définitivement enterré par les deux guerres du Golfe…Pour les experts, le parallèle entre l'Iran et l'Irak est troublant. «La décision d'attaquer Osirak avait été prise avec l'idée d'obtenir un délai d'un à cinq ans et non pas de régler définitivement le problème du nucléaire irakien », rappelle Camille Grand, le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. Si le calcul politique de Tel-Aviv vis-à-vis de Téhéran est le même - gagner du temps - l'éventualité d'une intervention militaire israélienne contre les installations iraniennes prend une dimension nouvelle. D'autant plus que depuis le bombardement d'Osirak, en 1981, les moyens de frappe sont devenus à la fois plus furtifs et plus efficaces…
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