mercredi 22 août 2012

Premières condamnations d'opposants à la ligne à très haute tension de l'EPR

La THT Cotentin-Maine qui doit transporter sur 163 km l'électricité du polémique EPR est vivement contestée. Plusieurs études font peser des soupçons, de leucémie infantile notamment, sur ces lignes, sans que toutefois un lien de cause à effet ait jamais été prouvé.

Alors qu'une centaine de recours ont été déposés en vain contre cette ligne ces dernières années, le lancement des travaux en janvier a donné lieu à une série de sabotages, et de vifs affrontements ont opposé lors d'une manifestation certains militants et les forces de l'ordre, le 24 juin à Montabot.

Un étudiant de 24 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Coutances (Manche) à trois mois de prison pour violence sur deux gendarmes, légèrement blessés ce jour-là. C'est la première fois que la justice condamne un opposant à cette THT.

"C'est scandaleux. On peut douter de l'indépendance de la justice à l'égard du lobby industriel", a réagi à la sortie du tribunal le vice-président Europe Ecologie les Verts (EELV) du conseil régional, Yanic Soubien.

Lors de l'audience le 6 août, le parquet avait requis huit mois de prison pour participation à des violences contre les forces de l'ordre mais, contrairement au tribunal, il avait estimé qu'il n'était "pas établi" que le prévenu était coupable des blessures des deux gendarmes.

Pour les juges au contraire, "le prévenu, au sein d'un groupe organisé en cortège" a "activement participé à une seule et même scène de violence".

Lors de l'audience la défense a mis en cause l'Etat. "On veut faire (du prévenu) un bouc émissaire dans un pays où le fait d'être contre le nucléaire est suspect", a tonné Me Gervais Marie-Doutressoulle.

Le tribunal a, dans la foulée, annoncé mardi la condamnation du leader de la Confédération paysanne dans la Manche, Michel Houssin, 51 ans, qui avait reconnu lors d'une autre audience, le 19 juin, avoir en mars dévissé quatre boulons d'un pylône en construction à Saint-Martin-d'Aubigny (Manche).

Le syndicaliste, qui a annoncé faire appel, doit payer 1.000 euros d'amende, 3.300 euros de dédommagement et de remboursement de frais de justice à RTE, la filiale d'EDF qui gère les THT.

"Quelle est la limite de la contestation ' C'est la voie de fait (exaction ndlr). Tant qu'il y aura voie de fait, il y aura poursuite", a avait averti le procureur de la République, Renaud Gaudeul.

Interrogé par l'AFP, le directeur de l'aménagement de la THT chez RTE Jean-Michel Ehlinger a indiqué que la société "espér(ait) que cette décision aura(it) un pouvoir dissuasif et permettra(it) de limiter les débordements des militants somme toute rares". Il a "rappelé la dangerosité" des déboulonnages.

Un autre militant doit comparaître jeudi à Laval (Mayenne).

L'ex-ministre Pierre Méhaignerie, maire de Vitré (Ille-et-Vilaine) a saisi le Conseil d'Etat pour protester contre cette ligne qui traversera son département. Et dans une Normandie riche en vaches laitières, plusieurs éleveurs ont engagé des recours contre RTE qu'ils accusent de rendre leurs animaux malades.

Le département de la Manche (UMP) et la Région (PS) avaient également demandé une étude épidémiologique avant le lancement des travaux. La ligne THT doit être achevée en 2013, l'EPR en 2016.

Par AFP




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